L’aide alimentaire n’est pas la solution miracle anti-gaspi / Nature
Communiqué de France Nature Environnement : "Guillaume Garot, ministre délégué chargé de l'agro-alimentaire, vient d'annoncer un « pacte national anti-gaspillage ». FNE salue cette annonce à propos d'un fléau qu'elle dénonce depuis plus de trois ans mais met en garde le gouvernement contre la tentation de faire de l'aide alimentaire, le principal outil de lutte contre le gaspillage. Explications
Le gaspillage « en bout de chaîne » est caractérisé mais quid de l'agro-alimentaire ?
Le gaspillage alimentaire a fait l'objet de nombreuses études chez nos voisins européens. La France a pris du retard puisque la plupart des données nationales concernent les consommateurs et, partiellement, les distributeurs (magasins et marchés). Pour les autres secteurs, on connaît les volumes de déchets alimentaires mais pas la part du gaspillage1 . Le gaspillage de l'agro-alimentaire et celui qu'il génère chez les agriculteurs reste la face obscure du gaspillage français. Il faut donc évaluer correctement le gaspillage alimentaire généré par l'ensemble des acteurs de la chaîne alimentaire.
Le gaspillage n'est pas une ressource
Aujourd'hui, une partie de ce qui est gaspillé est donnée aux associations caritatives. FNE est bien sûr favorable au détournement des denrées qui vont être gaspillées, vers l'aide alimentaire. Cependant, ce détournement n'est pas une manière pérenne de répondre à la nécessaire solidarité alimentaire. Elle ne constitue pas non plus une solution efficace pour réduire le gaspillage alimentaire. La conséquence perverse de cette réorientation pourrait être un effet d'encouragement du gaspillage. Il y a quelques mois, une entreprise a lancé une centrale de bio-méthanisation permettant de transformer les fruits abîmés en électricité2 . Cet exemple démontre toute la difficulté de lutter contre le gaspillage en amont si la priorité est donnée à la gestion et à la valorisation.
Le rôle de l'Etat
Du producteur au distributeur, en passant par le transformateur et le transporteur, c'est toute la chaîne qui génère du gaspillage du champ à nos poubelles. Les marges de progrès sont donc nombreuses et FNE se réjouit de voir le gouvernement mettre la lutte contre le gaspillage au coeur de ses priorités. Seule une mobilisation de l'Etat et un fort affichage de sa volonté politique permettront de réduire considérablement le gaspillage généré par l'ensemble des intermédiaires entre le produit et son consommateur.
Le rôle des associations
Depuis plusieurs années, France Nature Environnement se mobilise pour dénoncer cette aberration environnementale, sociale et économique. En mai dernier, FNE lançait une grande opération de coaching avec ses associations membres consistant à accompagner des particuliers, des restaurants et des représentants de la restauration collective pour évaluer le gaspillage qu'ils génèrent et les aider à mettre en place de nouvelles pratiques pour le réduire. L'annonce, par Guillaume Garot, d'opérations pilotes du même type en janvier 2013, conforte FNE dans sa démarche.
Bruno Genty, président de FNE « lutter contre le gaspillage alimentaire, c'est remettre en question le modèle alimentaire qui s'est développé depuis plusieurs décennies et qui se caractérise notamment par un nombre croissant d'intermédiaires entre le producteur et le consommateur. Plus il y a d'intermédiaires, plus il y a de gaspillage. La lutte contre le gaspillage alimentaire doit s'inscrire dans une politique plus générale de réduction de la consommation de ressources. FNE se réjouit de voir le gouvernement prendre le problème à -bras-le-corps et souhaite faire entendre ses revendications et ses propositions concrètes dans le cadre de la concertation à venir. "»